Ce séminaire aborde en effet des problèmes de fondation transdisciplinaires pouvant intéresser l’ensemble des sciences de la cognition et des sciences cliniques.
Les thématiques des séminaires 2019-2020 (« Peut-on explorer le monde intérieur ? »), 2020-2021 (« Monde subjectif, Inner world, Lebenswelt ») et 2021-2022 (« Monde subjectif, Imaginaire, Narrativité ») ont permis d’aborder les bases de l’exploration des mondes subjectifs. Le séminaire 2022-2023 a approfondi ces premières directions en abordant la thématique « Monde vécu : expériences fondatrices et dangers », dont la problématique « Le Soi entre incarnation (embodiment) et présence off line ».
Dans le sillage des années précédentes, le séminaire 2023-2024, sur le thème « Le monde comme (re)présentation : des fondations à l’expérience pathologique », aura pour ambition de reprendre le problème des fondations représentationnelles d’un monde subjectif et analysera à sa lumière des expériences pathologiques princeps.
En effet, la notion de monde comme représentation, malgré les riches traditions qui la fonde, est critiquée tant par la phénoménologie contemporaine que par certains courants des sciences cognitives : « le monde lui-même est sa meilleure présentation » est–il souvent affirmé.
Une telle critique ne risque-t-elle pas de restreindre le monde vécu à ce qui dépend de la perception, alors même que le vécu psychique déborde toujours la réalité sensible (e.g., phénomène de l’extension boundary en cognition spatiale) ? Des dimensions essentielles de la vie mentale ne sont-elles pas affranchies de toute présence perceptive (mental travel, immersion ludique ou fictionnelle, mind-wandering, imagination, spiritualité...) ? Les modes de présence « off line », voire en réalité virtuelle, ne sont-ils pas devenus prégnants dans la vie humaine aujourd’hui ? A l’ère de la fascination par les métavers et multivers, le monde vécu peut-il être autrement donné que comme représentation ? La notion même de trouble mental n’atteste-t-elle pas qu’un monde subjectif est toujours représentation, ainsi que cela semble évident lorsqu’il s’agit de syndrome délirant ou dissociatif ? Enfin, l’empathie qui fonde une thérapie ne présuppose -t-elle pas la rencontre du monde représenté par l’autre, tout en le distinguant du sien ?
Programme prévisionnel susceptible de modifications :
I. Bases sémantiques de la fondation d’un monde comme représentation
Arnaud Plagnol proposera trois séances introductives :
* Définition d’un système de représentation. Modes iconique et symbolique de représentation (décembre 2023)
* (Re)présentation directe et indirecte (janvier 2024)
* D’une fenêtre de présence à un univers de mondes possibles (février 2024)
II. La critique de la représentation dans la philosophie de la psychiatrie actuelle
Trois interventions seront consacrées à cette thématique, éventuellement dans le cadre d’un workshop international fin mars ou début avril 2024. L’étude de la critique phénoménologique et cognitive de la notion de représentation sera centrée sur les possibilités d’abord de la cognition off-line (dont l’imagination) dans le cadre de l’embodied cognition ou de la cognition 4E .
Conférenciers qui seront sollicités :
- Thomas Fuchs (université de Heidelberg) (sous réserve d’accord)
- Shaun Gallagher (université de Memphis) (sous réserve d’accord)
- Josef Parnas (université de Copenhague) (sous réserve d’accord)
III. Expérience pathologiques et structuration de l’univers mental
(séances en mai - juin coordonnées par A. Plagnol)
Exemples de thématiques envisagées :
- syndromes conversifs, dissociations et switchs inter-mondes
- objets phobiques et dimensions de vulnérabilité du monde vécu
- rétractions dépressives et dilatations maniaques
D’autres conférences et/ou ateliers pourront être proposés au cours de l’année.